Le tabou de la colère
As-tu peur de la colère ?
Te sens-tu nerveu·x·se lorsque quelqu'un hausse le ton ?
As-tu de la difficulté à reconnaitre cette émotion en toi et à l'exprimer directement aux autres ?
Je te rassure, tu n'es pas seul·e. De mes 5 années en tant que formateur d'Honnêteté Radicale et des 40 années de pratique de Brad Blanton, la colère est l'émotion que les participant·e·s ont le plus de mal à reconnaitre et à exprimer aux autres, et je suis prêt à parier que c'est précisément cet évitement qui crée le plus de distance et de confusion dans tes relations aussi.
Dans ce post, je veux te montrer comment se couper de la colère revient à se tirer une balle dans le pied, et te donner des pistes la renouer ton contact avec celle-ci plutôt que de l'enfouir sous le tapis.
Voici donc 3 idées clés sur la colère qui, je l'espère, te donneront le courage de l'exprimer honnêtement plutôt que de la cacher et de la réprimer.
3 bonnes raisons de renouer avec sa colère
1. La colère est naturelle.
Elle n’est ni meilleure ni pire que l’amour, la joie, la tristesse. Appeler l’une positive et l’autre négative, ou affirmer que l’une vibre à une fréquence plus basse que l’autre est totalement contre-productif. Toutes nos émotions sont comme des pensées. Elles viennent et repartent et elles sont complètement hors de notre contrôle. Ce qui EST dans notre contrôle, c’est la manière dont nous répondons à nos émotions.
Si tu laisses simplement tes émotions aller et venir, tu élimines la vaste majorité de tes problèmes. Car paradoxalement, c’est l’évitement de la colère qui nous maintient bloqués dans celle-ci.
Et là, tu pourrais me dire : “Oui mais qu'en-est-il des personnes qui sont tout le temps en colère, et qui ne semblent jamais vraiment la surmonter ?”
En réalité, les personnes coincées dans une colère chronique sont aussi en évitement perpétuel de leur expérience de leur colère, car elles s’échappent dans des histoires d’injustices et de persécution. Quand je rejoue constamment l’histoire du “pauvre petit moi que le monde maltraite”, je trouverai continuellement des raisons de renforcer mon indignation moralisatrice, quelques soient mes circonstances.
C'est seulement lorsque j’adresse l’émotion présente et que je vais à la racine de son origine en moi que je peux la surmonter. Il me faut alors reconnaître un fait crucial : Je suis le créateur de cette émotion, pas mes circonstances.
2. Renouer avec sa colère, c'est retrouver sa vitalité.
Peu importe le nombre de retraites spirituelles auxquelles tu assistes, tu ne peux pas choisir de ressentir seulement l’amour et la joie et de ne pas ressentir la colère et la tristesse. En fait, dès lors que tu te coupes de la colère, tu te coupes nécessairement des autres émotions aussi (joie, tristesse, désir...).
Pour sortir de cette léthargie et renouer avec le vivant en toi, tu dois être disposé à ressentir toutes tes émotions sans t’accrocher à l’une plutôt qu’à l’autre. Permettre à chaque émotion d’aller et venir sans l’éviter, la retenir ou s’y accrocher créée de l’espace pour que la prochaine émotion puisse apparaître, et s’en aller aussi. C'est la condition de la vitalité.
3. Être en colère n'est pas raisonnable, et c'est OK!
Le plus grand piège qui nous maintient coincés dans l’évitement de la colère est notre croyance que celle-ci doit être complètement raisonnable et justifiée. "SEULEMENT lorsque je suis de toute évidence la victime des mauvaises actions d’un autre, puis-je m'autoriser à l’exprimer."
La mauvaise nouvelle pour toi et moi et tous les autres moralisateurs rigides attachées à leurs idées du bien et du mal est que la colère n’a rien à voir avec avoir raison ou tort. Elle n’a pas besoin de notre permission pour apparaître, elle ne réfléchit pas logiquement en pesant le pour et le contre, et n’attend pas le moment approprié pour se révéler. Même si nous aimerions penser et faire croire le contraire !
Les débats sur le bien et le mal peuvent avoir leur place dans les débats politiques, la philosophie et l’éthique, mais dans le contexte de nos relations, la bataille entre qui a raison et qui a tord est un gâchis complet de notre temps et de notre énergie.
Une approche plus saine à la colère
Ce qui fonctionne bien mieux dans nos relations est d’apprendre à faire la pleine expérience de la colère, à l’exprimer avec l’intention de la dépasser. Quand tu fais cela, tu découvres que ton fervent besoin d’avoir raison et de prouver tort à l’autre disparaît tout naturellement.
Lorsque tu apprends à concentrer ton attention sur ton expérience présente de la colère jusqu’à l’avoir traversée plutôt que sur tes idéaux et ton désir de prouver tort à l’autre, tu es sur le chemin de transformation profonde de toi-même et de la création d'une vie intense et puissante.
C’est plus facile à dire qu’à faire. Mais la bonne nouvelle est que ce processus peut être appris et que c’est une étape essentielle vers la maturité.